Maimouna Doucouré

L’idée de cette page m’est venue quand je me suis rendu compte que cette réalisatrice ne semblait pas connue (reconnue?) dans certains cercles cinématographiques. En clair, à l’occasion de cette soirée unipop je me suis rendu que la personne que j’estime comme « la référence » pour parler de l’éducation au cinéma, et de la manière dont est traitée l’enfance au cinéma (cf son dernier livre) n’avait pas entendu parler du film Mignonnes de Maimouna Doucouré.

Pourtant, en plus de s’intéresser au cinéma qui met des enfants en scène, Carole Desbarats (je lui consacre une page) a par ailleurs écrit un article en novembre 2020 dans la revue Esprit :
La banlieue comme décor, De La Haine aux Misérables
Extraits:
« La représentation de minorités visibles s’est évidemment accrue dans les trente dernières années. Le cinéma a certainement sa part dans cette avancée, mais il n’est pas le seul : s’il peut parfois précéder les changements sociétaux, comme les autres arts, il en est plus souvent le contemporain et remplit la fonction de sismographe.« 
« Une autre évolution notable dans la représentation des banlieues est la place qu’y tiennent les femmes.« 

Le moins qu’on puisse dire, c’est que Mignonnes est un film qui se passe clairement en banlieue et qui fait écho parfois au film « bande de filles » de Céline Sciamma en s’intéressant à un groupe de filles encore plus jeunes.
Même si comme il est écrit dans l’article :« Ils se rejoignent dans leur sentiment de ne pas faire des films de banlieue, mais des récits sur le monde tel qu’il va »

Je me suis rendu compte lors de cette soirée, que la plupart des personnes n’avaient pas entendu parler du film ou ne l’avaient pas vu.
J’ai fini par me persuader que j’avais vu un film « sans importante » alors qu’il m’avait clairement marqué (cf ce que j’avais écrit ICI)

J’ai tenté de comprendre pourquoi.

Mamounia Doucouré a clairement un parcours atypique et un rapport atypique au « cinéma traditionnel » (cf sa fiche Wikipédia).
Elle n’a pas suivi un parcours classique pour devenir réalisatrice, elle a brisé le plafond de verre (lire ici). Son milieu d’origine est modeste et surtout sa culture cinématographique vient « percuter » les paroles de Truffaut que je mets en avant en page d’accueil pour défendre ce qui est mon premier rapport au cinéma: la salle de cinéma.
Pour le coup quand on voit le lieu où Maimouna Doucouré décide de se mettre en scène pour parler de sa passion du cinéma, on comprend que le péché originel commence là. Cf cette vidéo
Même si je plussoie ses premiers propos (ne rien savoir, ne pas voir de bande annonce avant de voir un film) on comprend que sa culture, et cela s’explique par son âge, son milieu sociologique et géographique, n’a pas grand chose à voir avec la salle de cinéma, qu’elle n’a pas dû avoir l’occasion de fréquenter dans un dispositif tel qu’école et cinéma par exemple.
Ce qui explique sans nul doute que si comme n’importe qui elle cherche une reconnaissance qu’elle a eu d’ailleurs (voir ci-dessous), sa préférence se porte sur une distribution rapide en parallèle de son film sur une plateforme (Netflix pour Mignonnes, lire ici) ou exclusive (Amazon prime pour Hawa son deuxième long métrage, lire ici )
Les différents prix sont là pour lui donner de la légitimité (césar du court métrage 2017 pour Maman(s)
Le film Mignonnes est nominé au césar 2021 du  Meilleur premier film, et obtient la même année le césar du meilleur espoir féminin pour Fathia Youssouf., sans compter d’autres prix à l’étranger.

Toujours en 2021 cet article au sujet du prix Alice Guy reçu vient confirmer le parti pris critique (mais pas à l’égard du film) de cet article paru en aout 2020 au moment de la sortie du film en salles. Il y a (eu?) un malaise.
« On apprend le jour de sa sortie française que le film n’a pas été soutenu par les salles de cinéma spécialisées en art et essai, ni par l’AFCAE, dans une période si particulière où toute sortie mériterait d’être encouragée, d’autant plus lorsqu’il s’agit d’un premier long métrage indépendant. »

Pour ma part, j’apprécie particulièrement cette critique du film.
Inutile de préciser que pour moi, père, éducateur, citoyen, féministe ce film est essentiel malgré ses prétendues maladresses.
Les liens ci-dessous en attestent:

Comprendre l’intérêt d’un tel film:
https://www.youtube.com/watch?v=_oXJI1FWq8s
En particulier ce qu’elle répond ici (extrait calé au bon endroit)

Elle a aussi participé à ces rencontres nationales cf la cette page (film débat supprimé depuis peu)