Cette citation de Truffaut qui résume bien ce qu’est l’expérience de cinéma dans une salle, et comment elle peut être poursuivie ensuite autrement.. Mais seulement ensuite:
Cet article récent de Télérama apporte quant à lui une description plus précise encore, (mais plus intellectualisée diront certain.e.s) de la nécessité de la salle de cinéma.
Extraits choisis:
Jean-Louis Comolli explique : « Le cinéma est l’art qui articule le plus fortement visible et non visible. Dans la salle, le film est cerclé de nuit. La seule chose lumineuse qui capture le regard, c’est l’écran. Ce qui déborde du cadre de la projection n’est pas visible : c’est le hors-champ. Autour de ma télévision, c’est très différent : il y a deux tableaux et un bouquet de fleurs ! Dans mon salon, le champ visuel ne peut pas se focaliser entièrement sur le champ du film. »
En se rendant au cinéma, il fait le choix de sortir de chez lui pour aller s’enfermer dans un autre lieu, couper son portable, se priver de l’odorat, du goût, du toucher. « On quitte une liberté pour en gagner une autre. On renonce à notre mobilité pour celle de l’écran » , analyse Jean-Louis Comolli. « C’est comme une délégation de pouvoir. Vous déléguez votre mobilité aux personnages. » Sans oublier que l’écran géant vous rétrécit. Face à des personnages plus grands que nous, on retrouve « une place d’enfant sans en avoir conscience » .
Ce qui n’empêche pas qu’au cinéma on soit entouré de gens dont les réactions, ou l’absence de réaction, influencent forcément. Mais « au cinéma, on sent moins ses amis que la foule, affirme Pacôme Thiellement. Chez quelqu’un, quand on n’est pas sur la même longueur d’onde, l’électricité devient quasi intenable. On se pollue mutuellement. » Comme si la projection en public était finalement le meilleur moyen d’être seul face à une oeuvre...
Les directeurs de la photo continuent donc de travailler leur copie finale pour la salle de cinéma classique… en sachant que ce n’est pas là que leurs films seront le plus vus.